Le vendredi 17 mars se tenait un drag-show au HangArt Créatif à l’Université Catholique de Lille. Organisé par l’association LGBT+ étudiante Simone s’éveille, le show - produit et hosté par Barbara Rockwell et Rodrigue - devait se dérouler sous les meilleurs auspices. Malheureusement, un groupe d'étudiant·es, apparemment rebuté par la liberté artistique, en a décidé autrement.
Barbara Rockwell © Ambre Dublé
Le 10 mars dernier, l’association organisatrice alerte les deux artistes au sujet d’un article publié par le compte Instagram l’Étudiant Libre Lille. Sur la publication Instagram, le média “conservateur et patriote” annonce la programmation du drag-show à l’Université Catholique. Dans l’espace commentaire de la publication, on trouve un déferlement de haine et parfois même des appels à la violence. Ce sont plusieurs centaines de commentaires qui s'enchaînent et témoignent d’une désinformation alarmante. Certain·es étudiant·es, profondément inquiet·es de voir leur institution s’ouvrir à “de telles pratiques”, s’indignent : “Est-ce que quelqu’un a pensé à prévenir le diocèse ?” s’alarme même une abonnée.
Espace commentaires / Publication Instagram de l'Étudiant Libre, Lille.
Après concertation, l'association Simone s'éveille, Barbara Rockwell et Rodrigue prennent la décision de maintenir l'événement, bien decidé·es à ne pas laisser la haine s'immiscer progressivement dans nos pratiques artistiques et dans notre communauté. Des mesures de sécurité sont prises : l’Université Catholique met en place une équipe de sécurité, les noms sont demandés à l’entrée et les spectateur·ices sont fouillé·es.
Vers 20h, le show commence par un beau clin d'œil aux réactions haineuses diffusées sur les réseaux sociaux. Invitée par Barbara et Rodrigue, la foule scande “Siamo Tutti Antifascisti” : “Nous sommes tous antifascistes” en italien. Ce n’est que 20 minutes plus tard qu’un groupe d’étudiant·es se met à brandir des pancartes et à scander des slogans anti-LGBT+ et anti-drags, en plein milieu des rangs. Ni une ni deux, la sécurité évacue les fauteurs de troubles, non sans réaction physique de la part des étudiant·es, qui refusent de quitter les lieux.
Barbara Rockwell et Rodrigue © Ambre Dublé
C’est avec la boule au ventre, et surtout un courage et un engagement sans faille envers le public, que Barbara et Rodrigue décident de poursuivre le show, jusqu’à la fin. Le duo, très complémentaire, offre au public ce qu’il est venu chercher : émerveillement et performances rythmées par un répertoire qui réchauffe les cœurs, allant des Rita Mitsouko à Kalika.
Symptomatique d’une montée des mouvements anti-drag et anti LGBT+, cette intervention haineuse signifie qu’il faut malheureusement encore rester vigilant·es, en 2023. Aux États-Unis, la tension entre l’extrême droite et le milieu drag ne cesse de croître. En France, suite à la démocratisation massive et récente du drag (Drag Race France), les actions violentes envers cet art se multiplient.
Restons vigilant·es, diffusons nos pratiques artistiques, soutenons nos artistes, partageons l’info.
À bientôt chez hors cadre média,
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